Quelles perspectives après la digitalisation de l’offre des banques et assurances ?

En février 2013, l’Observatoire Orange-Terrafemina a tenu sa 15ème enquête sur le comportement des Français sur Internet. Cette année fut l’occasion de faire le point sur l’avancement de la digitalisation des services bancaires et d’assurance et de découvrir les prémices d’un changement important du marché. De nouveaux acteurs semblent pointer leur nez pour bousculer un équilibre jusqu’ici tenu par les banques.

L’étude menée par Orange-Terrafemina a fait appel à une enquête de l’institut CSA et aux données collectées et analysées par Web Lab – agence Treize articles. Ainsi, l’Observatoire s’est penché sur la digitalisation des services bancaires et sur ce nouveau marché. Cette 15e enquête s’intitule « Banques et assurances : prêts pour le tout digital ? ». Des intervenants ont pu également apporter un éclairage à l’enquête. Il s’agit notamment de Laure de Tilly, Directrice Opérationnel Banque en ligne chez BNP Paribas, Xavier Amouroux, responsable communication et e-business chez BforBank et Frédéric Perrin, associé expert des services financiers chez Exton Consulting.

En premier lieu, l’Observatoire a analysé les chiffres fournis par l’institut CSA. Ceux-ci montrent clairement les hésitations des Français face à l’usage des services bancaires en ligne. Seuls les jeunes et les cadres sont sensibles à cette offre. Cependant, les banques et les assurances ont déjà bien adopté cette digitalisation et elles présentent des offres déjà bien structurées. Si elles sont présentes depuis longtemps sur les plateformes de paiement sécurisé en ligne, elles ont aujourd’hui basculé l’ensemble de leurs services et produits sur le web. Au faîte des dernières technologies, elles proposent des solutions innovantes qui révolutionnent le monde bancaire. Plus loin encore, elles s’ouvrent aux perspectives plus larges offertes par le monde numérique en devenant fournisseur de téléphonie. En revanche, elles vont faire face à une nouvelle concurrence constituée par des acteurs de l’industrie numérique, car ceux-ci s’attèlent à fournir des services bancaires.

Des nouveaux acteurs dans le monde bancaire

Paypal, Amazon et Google sécurisent les paiements en ligne

A l’origine, les établissements bancaires étaient la solution unique pour parvenir à installer et sécuriser le paiement en ligne. Après Paypal, c’est aujourd’hui au tour d’Amazonpayments et de Google wallet de traiter les transactions en ligne.

De nouvelles banques entièrement gratuites

Par ailleurs, ce sont de nouveaux établissements bancaires qui arrivent sur le marché avec notamment Simple, pour l’instant aux États-Unis. Il s’agit d’une banque en ligne qui propose la gratuité totale de ses services !

Les crédits proposés par les réseaux sociaux

S’il existe des entreprises capables de s’introduire sans soucis dans le monde bancaire, il s’agit des réseaux sociaux. Ainsi, Facebook a inventé les Facebook Credits, abandonnés depuis. Mais que fera-t-il demain avec les véritables monnaies et plus d’un milliard de membres actifs en moins d’un mois. Des crédits ?

Les opérateurs de téléphonie organisent le m-banking

Le marché du mobile banking voit s’affronter deux types de concurrents : les banques et les opérateurs de téléphonie. Ainsi, Orange a créé Orange Money une solution de paiement mobile destinée aux Moyen-Orient et à l’Afrique.

La digitalisation des services bancaires, rendue possible par les nouvelles technologies, génère un marché pour le moment très concurrentiel mais favorise dans le même temps l’apparition de colosses. Dans cette bataille de Titans, l’usager n’est pas non plus désarmé, les réseaux lui permettant d’accéder à d’autres circuits de financement.

La finance participative, l’alternative aux banques

Les réseaux sociaux permettent aujourd’hui de multiplier les contacts et indubitablement de favoriser les transactions financières entre les personnes, supplantant l’intermédiaire bancaire avec ce que l’on appelle aujourd’hui la finance participative.

Après Kickstarter aux États-Unis, la France dispose également de plateformes de crowdfunding (Ulule, KissKissBankBank et Wiseed), des sites web permettant la collecte de dons pour financer un projet.

Les réseaux sociaux sont à même de favoriser les prêts entre particuliers dit « peer to peer ». Avant, le concurrent historique des banques était la famille, le moyen idéal pour obtenir un crédit avantageux. Aujourd’hui, ce sont les amis en ligne ou plus couramment des communautés spécialement créées à cet effet qui rivalisent avec les organismes de crédits. Ainsi, le prêt entre particulier est avantageux à la fois pour celui qui prête et pour celui qui emprunte, la commission de l’intermédiaire passant à la trappe.
Cependant, si aux États-Unis cette parade fonctionne pleinement, en France les acteurs bancaires et les sites web spécialisés (Prêts d’Union, Friends Clear) se sont organisés afin de rester des partenaires et d’obtenir l’autorisation d’exercer auprès de la Banque de France.

Par ailleurs, des prêts de micro-financement à 0% sont proposés à des petits entrepreneurs avec la solution de Babyloan, un établissement sans aucun statut bancaire.

Dans une perspective absolue de digitalisation financière, on peut envisager tout l’intérêt de l’utilisation des monnaies virtuelles. Celles-ci existent déjà dans des univers fermés définis par le « peer to peer banking » et vont probablement se développer dans un avenir proche. A titre d’exemple, on peut notamment citer le Bitcoin, une monnaie virtuelle qui est utilisée par plus de cent milles personnes dans le monde. Son utilisation permet de s’affranchir des monnaies traditionnelles et des incontournables cartes bancaires internationales. La valeur d’un bitcoin est fonction du nombre total de bitcoin en circulation et les frais d’utilisation du réseau sont partagés entre les utilisateurs.

Enfin, il faut souligner le fait que les politiques sont particulièrement intéressés par ces nouvelles solutions de financement participatif. En effet, certains politiciens tendent à les encourager car elles peuvent favoriser la consommation et ainsi soutenir l’économie. A titre d’exemple, le président des États-Unis a récemment pris des mesures pour inciter à l’utilisation du prêt entre particulier. Dans ce sens, il est possible que les États interviennent en faveur du crowdfunding. Les établissements bancaires devront alors réagir plus efficacement contre cette concurrence et sans doute devenir propriétaires de ces plateformes.

Alors que les banques traditionnelles ont été les véritables acteurs de la digitalisation des  services bancaires et financiers, le succès des solutions alternatives comme les monnaies virtuelles ou le crowdfunding semble pouvoir bousculer l’équilibre actuel des offres des banques et assurances. Une évolution qui ne fait pas forcément peur aux organismes dont l’offre attractive s’adresse à une clientèle de qualité et en croissance.